
Jours
DaysPar James Lovegrove
Avis: 22 | Évaluation globale: Médias
Lauréat du prix | |
Bien | |
Médias | |
Le mal | |
Terrible |
Le bon montant de crédit sur votre carte vous achètera n'importe quoi - un allumette rare, un tigre albinos, les femmes du département Plaisir. Days est le plus grand des grands magasins, dont les agents de sécurité sont autorisés à tuer et dont sept propriétaires, un groupe de frères très différents, couvent dans un penthouse, récupèrent de vastes repas sans fin par un majordome grincheux. Le roman de James Lovegrove
On a affaire à un roman d'anticipation se déroulant en Grande-Bretagne, dans l'enceinte d'un giga store, un nouveau type de grand magasin qui, comme son nom l'indique, est le stade ultime du centre commercial. Jugez plutôt: 3km de long pour 2 de large, 7 niveaux (6 de vente, un d'habitation), 111 rayons par étage (oui, ça amène bien le total à 666) et en son centre, un vaste atrium abritant rien de moins qu'une jungle miniature avec toute sa faune et sa flore.
Days nous est donc présenté comme le premier (et aussi le plus beau) des giga store de la planète, même si on comprend rapidement que chaque pays ou zone géographique donnée en abrite au moins un. Ces véritables temples de la consommation font l'objet d'un quasi culte auprès du public, et jouissent d'une réputation et pour tout dire d'une aura extraordinaire.
En effet, on ne rentre pas chez Days comme on veut. Il faut compter au rang des clients, ce qui ne peut se faire que via une carte de client (elle aussi objet de convoitise et de respect mêlé). Ces cartes se déclinent en divers modèles, selon la fortune de son détenteur, et donnent le droit à plus ou moins d'avantages.
Une forme de ségrégation par l'argent en quelque sorte, un élitisme poussé à son maximum.
C'est dans ce cadre charmant que va se dérouler le roman de James Lovegrove, qui nous convie par le biais de quelques personnages, à vivre une journée au grand magasin.
Trois groupes principaux vont donc nous tenir compagnie. Tout d'abord Franck Hubble, un employé particulier de Days, appartient à la "sécurité tactique", un groupe d'individus charger de traquer et d'appréhender les voleurs de tout poil, au besoin en ayant recours à la force et même à l'usage d'armes à feu. Franck, en pleine crise existentielle, est supposé vivre la dernière journée chez Days rendus compte démissionner.
Vient ensuite un couple de clients issus de la classe moyenne, Linda et Gordon Trivett, qui eux se trouvent chez Days pour la première fois, après des années de sacrifices pour obtenir leur carte "silver". Deux styles différents s'affrontent dans ce couple entre une Linda obnubilée par le statut social que lui offre cette carte et par la fierté qu'elle a de concrétiser son rêve d'enfant en entrant chez Days, et un Gordon plus apathique et soucieux de ne pas céder aux sirènes mercantiles en achetant tout et n'importe quoi.
Enfin, le dernier groupe de protagonistes importants n'est rien de moins que la fratrie des Jours, présidents collégiaux du plus grand (et plus beau) giga store du monde. Sept frères, un par jour de la semaine, chacun d'entre eux exerçant la présidence du conseil à tour de rôle. Par leur biais, sur la boutique entre vraiment de plein pied dans la folie qui a animé le fondateur du giga: Septimus Day.
Un homme obnubilé par le chiffre sept (un chiffre omniprésent dans le roman), fou au point d'avoir eu sept fils, ayant tout fait pour que chacun d'eux naissent sur un jour différent de la semaine, (son aîné un lundi, et ainsi de suite jusqu'au benjamin, né un dimanche), capable de se créer un œil devant les investisseurs pour les convaincre de sa détermination, un homme d'affaire prêt à tout en somme.
À travers ces trois prismes très différentes, sur découvre donc ce Giga store et la faune (humaine cette fois) qu'il abrite en son sein, mélange de vanités mal placées, de mépris de classe de la partie des détenteurs de carte prestige (or ou platine) vis-à-vis des médiocres (cartes silver ou aluminium) et surtout de bestialité lorsque arrivent le moment des célèbres ventes flash lors desquels pendant un bref laps de temps, tel ou tel rayon rayonne d'une certaine somme de quelques pourcents. ..
Le tableau, avouons-le, n'est guère reluisant et dénote les travers les plus bas des consommations et même des surconsommations. Les formes d'hystéries découvertes par Lovegrove au sein de son grand magasin peuvent prêter à sourire, qui en effet irait se battre pour un rabais de 20% sur les instruments du tiers-monde? Et pourtant, quand je vois certaines images (devenues un peu trop récurrentes à mon goût) des ouvertures de soldes, notamment aux États-Unis, mais même chez nous, en France, je me dis que finalement, Lovegrove ne vise pas tant tant que ça à côté de la plaque, surtout quand pense que ce roman à déjà près de 30 ans au compteur (première parution en 1997).
Ce roman m'a littéralement captivé, tout comme les jours semblent envoûter ses clients et mêmes ses dirigeants, et sa vision d'un monde ou la marchandisation est poussée à son paroxysme semble hélas, plutôt bien vu au regard des préoccupations de bon nombre de nos contemporains.
Journées ? Un endroit où tout s'achète.
Days, un lieu où il faut être client pour exister, où les ventes flash se dégénèrent avec une étonnante régularité, où la société de consomation est une religion.
Journées ? l'enfer.
Et à lire certaines pages de cet excellent roman, sur voit bien en quoi la société hyperconsomatrice qu'il décrit, qu'on peut difficilement qualifier de SF, est infernale: tout le monde veut une carte de client, et les clients ne peuvent que que s'endetter, soumis qu'ils sont à un marketting plus qu'agressif.
Franchement, tout ça est très bien fait.
Bien sûr, ça n'est pas exactement de la SF, à peine de l'anticipation, puisque rien dans ce que décrit ce roman ne pourrait exister aujourd'hui. Mais j'ai adoré la manière dont l'auteur campait des personnages crédibles ou pas (1).
Oh bien sûr, il y a dans ce roman quelques incohérences ou tout au moins des faiblesses, comme cette rivalité entre rayons (2), ou encore ... ou encore, attendez que je me souvienne… ah ben non, rien d'autre que que cette rivalité.
Et puis le décor est quand même beau. Je veux dire par là que ces 666 rayons, avec leurs marchandises qui sont toutes en vente, ne peut que flatter le client qui sommeille en nous.
Et, pour finir, après avoir été titillé tout le long du roman par ces énigmatiques références au sept, sur comprend la raison de leur présence dans une scène anthologique.
Il faut être honnête, c'est un bon bouquin. Pas le chef d'oeuvre du siècle, mais quand même un très bon bouquin. Bon par les réflexions qu'il permet au lecteur sur l'importance de consommer (ou pas). Et bon aussi parce qu'il est simplement distrayant.
(1) Comme les fils Days, carricatures parfaites de profits d'une entreprise qu'ils n'ont pas créé.
(2) Qui donne d'ailleurs à l'auteur une occasion qu'il saisit avec talent pour nous écrire une tirade absolument fabuleuse sur le supériorté du livre, objet éternel et fidèle compagnon, sur l'ordinateur, forcément périssable.
Chaque personnage à ses propres démons et y fait face de manière plus ou moins consciente. Franck par exemple, qui passe si bien inaperçu aux yeux de tous, passe également totalement inaperçu à ses propres yeux au point qu'il n'arrive pas à fixer son reflet dans le miroir le matin. Il a envoyé bien que ce n'est pas normal mais il est figé dans ses habitudes, sa vie, sa personnalité qu'il a mis tant de temps à gommer justement pour son travail. Il veut donc s'en libérer en démissionnant.
Les Trivetts quant à eux ont enfin le sésame, leur carte, pour entrer dans le gigastore. Ils sont encore innocents. La société propre à la clientèle du gigastore, avec ses codes et son rythme rythmé par les annonces de ventes flash, leur est totalement inconnu mais ils vont être confrontés de plein fouet, comment vont-il réagir après tous les sacrifices consentis pendant 5 ans pour obtenir cette fameuse carte Argent?
Les frères Days quant à eux, princes de cet empire, règnent depuis le 7ème étage d'où ils descendent très peu souvent, ne voulant pas se mélanger au peuple. Etre 7 pour diriger le magasin est-il efficace, dans une organisation fixée par leur père qui, même s'il est mort, reste un fantôme de la grande salle du conseil?
Le chiffre 7 est d'ailleurs omniprésent dans ce roman, à l'origine une obsession des Septimus Days. Dans l'imaginaire, ce chiffre est plus associé au dollar mais le gigastore est en Angleterre. D'ailleurs, les Days se réfèrent au Dieu Argent plutôt qu'à une monnaie particulière. Néanmoins, il est présenté comme une obsession, une sorte de valeur magique pour le commerce: 7 jours de la semaine, un par frère, un par étage du magasin ...
En revanche, je trouve que l'histoire a rencontré un peu trop de temps à décoller. Bien qu'il faille du temps pour que tous les personnages soient en place, il faut attendre plus de la moitié du roman pour sentir que l'engrenage se rencontre en place et que la marche d'un événement exceptionnel est lancée, un événement qui va tous les changer.
Sur la critique de la société de consommation, bien sûr elle y est extrême mais, présentée dans le contexte d'un pays à l'agonie elle pourrait passer.
Cette œuvre d'anticipation est assez originale dans sa construction ainsi que dans le thème choisi. Encore une fois, je trouve par contre le rythme un peu trop prêt sur plus de la moitié du livre. J'ai eu du mal à passer cette étape mais ensuite je voulais vraiment savoir ce qu'il se passait.
Le début est un petit peu prêté, sur la connaissance des personnages et du magasin mais les choses démarrées à l'ouverture du magasin aux clients. Entre un employé qui songe à quitter son travail, des nouveaux clients et des rayons qui se déclarent la guerre, il s'en passe des choses. N'oublions pas non plus les 7 dirigeants de Days, qui cherchent à faire honneur à leur père, le créateur du gigastore.
J'ai été un peu désarçonnée par la fin, j'aurais voulu que la journée continue pour suivre les personnages et en savoir plus sur leurs vies. Malheureusement le magasin a fermé ses portes pour la journée, et le livre se termine aussi.
→ mon avis en détail sur le blog: https://leblocnotesdecarmen.blogspot....
Cependant, même si j'aime les livres qui réussissent à créer une fin inattendue (en partie), cette dernière ne m'a pas plut. Du coup je suis partagé sur ce livre qui se perd un peu (beaucoup) dans la description du magasin sans vraiment prendre le temps de développer plus les personnages qui me semblaient pas mal stéréotypés. J'ai tout de même dévorée les dernières 100 pages rapidement, le suspense ayant enfin réussi à me prendre. En conclusion, je suis mitigée et je ne le recommandeai probablement pas à mes amis, à moins d'aimer ce genre de roman d'anticipation.
Il ne sera pas aisé de parler de ce livre sans spoiler. Je vais donc tenter de rester un maximum évasif voiture tout le plaisir de ce roman réside dans sa découverte progressive. Dans Jours, sur sait où évolue l'histoire mais sur ignore toujours comment. C'est la surprise de chapitre en chapitre, ce qui est le plus gros point positif de l'histoire.
La vie dans ce magasin est vécue selon différents points de vue de choix: un employé de longue date, un couple de clients qui a économisé pendant des années pour pouvoir s'offrir un simple accès au magasin ainsi que les héritiers de l'empire de Jours , tout ce beau monde représentant ainsi la hiérarchie dans la société de consommation qui pourrait se diviser en trois paliers: les consommateurs, les mi-parcours (ceux qui ont accès aux "privilèges" mais qui sont conscients de leur côté venimeux) et ceux qui détiennent le pouvoir. James Lovegrove a accordé suffisamment d'importance à ses personnages pour les rendre riches et intéressants.
Le roman datant de 1997, il aurait alors d'une fiction prospective. En 2014, l'histoire de James Lovegrove est bel et bien d'actualité, en devenant une satire de notre société et pas seulement de consommation: à travers des scènes parfois grotesques mais tellement réalistes sont visés ceux qui courent après le temps, qui favorisent la possession matérielle quitte à se transformer en consommateurs moutons (at-on vraiment besoin de tout ce qu'on achète?) ou encore qui se laissent bouffer par un boulot qui n'est peut-être pas fait pour eux. Jours est une fiction, oui, mais qui amène vraiment à la réflexion sur notre propre mode de vie, qu'il soit voulu ou non. Au final, la société est une jungle parce que nous nous comportons parfois sans réfléchir, comme des animaux et non l'inverse.
Jours a, selon moi, sa place sur la liste des livres à lire absolument peut être la source des débats intéressants et enrichissants entre ses lecteurs.
Les Plus:
- Le style d'écriture est vraiment sympa, très visuel. Jours ferait un très bon film s'il était bien réalisé.
- L'histoire est astucieusement mystérieuse jusqu'à la dernière page. Il n'y a rien à apprendre, juste à constater.
- L'originalité.
Les Moins
- En apprendre plus sur la famille fondatrice de Jours ne m'aurait pas déplu. J'ai comme un sentiment d'inachevé la concernant.
J'ai également été frappé par la qualité des «jours». Les deux romans précédents que j'ai lus (également de science-fiction) souffraient du syndrome de Cypher, alors que presque tous ceux qui sont apparus sont devenus un personnage intéressant. Linda Trivett, Frank Hubble et Mlle Dalloway étaient particulièrement bien faites. L'histoire de Septimus Day, le fondateur du magasin, et ses sept fils était merveilleusement bizarre. Le magasin lui-même était évidemment le personnage principal, ce qui fonctionnait bien. Surtout, le roman a sonné vrai comme un portrait à peine exagéré de la façon dont le consumérisme peut devenir une obsession destructrice et les magasins prennent une signification quasi religieuse. J'ai un penchant pour les romans qui traitent de cela, notamment JG Ballard Kingdom Come et de Tricia Sullivan bouche. «Days» est un ajout brillant à la liste.
C'Est que "Days" est.
Un temple de la consommation où tout est régit par le chiffre 7, la lubie du créateur de l'endroit.
Tout au long du livre, nous suivons plusieurs personnages au fil d'une seule journée. Une journée "Comme les autres" au sein du plus grand et du plus beau gigastore de tous les temps.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Franck, "fantôme" chargé de la sécurité tactique et qui connaît le magasin comme sa poche. Idem pour Linda et Gordon, qui à l'inverse de Franck, entrent pour la première fois dans ce magasin après les années de sacrifices et obtenus du sésame: la carte leur ouvrant les portes du gigastore.
Pendant un bon moment je me suis demandé où l'auteur voulait en venir, et le fait est que ce n'est pas ça ça importe. C'Est plutôt une critique de la société de consommation, de son effet sur les gens et de jusqu'où ceux ci sont prêts à aller pour détenir des choses dont ils n'ont pas besoin.
Une très bonne surprise!
Maintenant, nous avons juste besoin d'Amazon pour construire un gigstore afin que nous puissions nous installer pour une tribune agréable lorsqu'une vente de foudre est annoncée;)
Maintenant que j'ai terminé "Days", j'ai hâte de lire tout ce qu'il a écrit.
Je ne peux pas vraiment le décrire, mais ce livre est hilarant et suscite la réflexion, même si je suis sûr qu'il visait plus le premier que le dernier.
un très bon roman, où des destins vont s'entrechoquer. Des personnages bien croqués, une intrigue haletante, et un finish particulièrement bien maîtrisé.
Une agréable lecture pour tous ceux qui sortent trop facilement la CB ^^.